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imposition ordinaire, comme nous l’expliquerons dans la suite, il y avoit des citoyens qui ne payoient qu’une moitié de la somme à laquelle chaque tête de citoyen avoit été taxée, et d’autres qui ne payoient même que le tiers ou le quart de cette cottisation. C’est ce qui doit être exposé encore plus en détail dans la suite.

Mais je crois que d’autres passages de Cassiodore qui sont ceux où il est fait mention de tertia , doivent s’entendre d’une imposition, qui véritablement fût un droit de même nature que celui de tiers et danger. En effet, nous avons une lettre de Théodoric roi des Ostrogots, adressée à Faustus, prefet du prétoire d’Italie, pour lui notifier qu’on a jugé à propos d’accorder aux habitans d’une certaine ville, la grace qu’ils avoient demandée, et qui étoit d’acquitter doresnavant en deniers la redevance du troisiéme , laquelle se payoit auparavant en nature. Sous le bas empire, les contribuables regardoient comme une grande grace de pouvoir payer en deniers la somme à laquelle s’évalueroit la redevance en fruits, dont ils étoient tenus, parce qu’ils se redimoient par-là d’une infinité de véxations qu’ils avoient à essuyer de la part de ceux qui recevoient les revenus de l’Etat, tantôt sur la qualité, tantôt sur la quantité des denrées, et tantôt sur le lieu où il falloit les livrer. On verra dans la suite, qu’il n’y avoit sorte de concussion dont ces receveurs ne s’avisassent. Gregoire de Tours raconte que le bienheureux Illidius qui vivoit dans le quatriéme siécle, ayant guéri miraculeusement la fille de l’empereur Maximus, qui faisoit son séjour à Tréves, ce prince offrit au saint confesseur des monceaux d’or et d’argent, et que le saint les refusa, mais qu’il demanda et qu’il obtint de l’empereur une grace pour la cité d’Auvergne : c’étoit de payer en deniers la redevance en bled et en vin, dont elle étoit tenuë ; ce qui épargnoit aux Auvergnats plusieurs véxations, et la peine de faire voiturer ces denrées dans les magasins de la république.

Ainsi quoique je sois persuadé que les termes de bina et terna soient relatifs à la maniere dont s’imposoit la capitation, je crois néanmoins que le terme de tertia bien different de celui de Ter-