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tres Gaulois. Si nos Bataves, dit Civilis, ont pris les armes, eux qui ne payent point d’imposition, et qui fournissent à Rome pour tout tribut, des soldats, à plus forte raison les Gaulois qu’on charge d’impôts doivent-ils les imiter ?

On peut douter que sous les premiers empereurs toutes les cités des Gaules fussent assujetties aux mêmes contributions. Comme nos cités n’étoient point alors de même condition, comme les unes étoient traitées en sujets et les autres en peuples alliés, il est apparent qu’elles ne payoient pas toutes les mêmes impositions. Ce qui est certain, c’est qu’Auguste avoit rendu toutes les Gaules tributaires. Velleius Paterculus qui a écrit sous Tibere le successeur immediat d’Auguste, dit en faisant le dénombrement des grandes provinces de l’empire, que les Gaules où Domitius avoit fait voir le premier les enseignes romaines, furent soumises par Jules-César. Ce vaste païs, ajoute-t-il, nous paye aujourd’hui un subside en deniers, ainsi que le paye presque tout le reste de la terre.

Mais dès que Caracalla eut donné le droit de bourgeoisie romaine à tous les sujets de l’empire, la difference qui étoit entre les tributs que payoient les cités alliées et les cités sujettes de la Gaule, dût disparoître. Elles dûrent toutes se trouver assujetties aux mêmes impositions : voyons donc en détail, quels étoient les subsides que payoient à Rome les cités des Gaules sous les successeurs de Caracalla.

On ne doit point au reste être surpris que j’approfondisse cette matiere autant qu’il me sera possible. Les finances sont dans tous les Etats, ce qu’est le sang dans le corps humain. D’ailleurs je ne puis mieux donner à connoître quels furent d’abord les revenus de la monarchie françoise dont je veux décrire le premier établissement, qu’en expliquant le moins mal qu’il me sera possible, en quoi consistoit le revenu dont l’empire joüissoit dans les Gaules, lorsqu’elle y fut établie. Clovis et ses successeurs ne firent autre chose pour doter, s’il est permis de parler ainsi, leur couronne royale, que d’y réünir le patrimoine de la couronne impériale.

Le dernier livre d’Appien Alexandrin, le plus précieux des monumens de l’antiquité romaine que nous avons perdu,