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Barbares. Les Francs se comporterent encore dans cette occasion en bons & fideles Alliés de l’Empire. Ils se firent tailler en pieces en disputant aux Vandales l’approche du Rhin. Le désordre que leur irruption mit dans la Gaule, s’accrut encore par le soulevement de cinq de ses Provinces les plus considérables[1], qui la seconde, après avoir chassé les Officiers de l’Empereur, se confédererent la troisiéme, entr’elles & s’érigerent en République. Enfin quand Rome eut été prise par Alaric[2], la confusion devint extrême dans les Gaules, qui furent le théatre de plusieurs guerres civiles entre le Parti demeuré fidele à l’Empereur Honorius qui regnoit alors, & les nouveaux Empereurs que des Légions révoltées proclamoient. Pour comble de malheur, les Visigots qui avoient pris Rome, évacuerent l’Italie, & vinrent s’établir entre le Rhône & l’Ocean. Dans ces conjonctures, differens essains des Peuples de la Germanie passerent le Rhin pour s’établir aussi dans les Gaules, qui sembloient être devenuës la proye des Nations. Quelques Tribus des Francs furent de ce nombre, & vinrent se cantonner elles-mêmes dans le pays dont elles n’avoient pas pû empêcher l’invasion. Ce fut vers l’année quatre cens treize qu’arriva cet évenement.

Dès qu’Honorius eut le loisir de se reconnoître, il prit des mesures pour rétablir l’autorité de l’Empire dans les Gaules, en obligeant les revoltés à rentrer dans l’obéissance, & les Barbares à sortir du pays ; mais ce Prince mourut[3] avant qu’il eût executé son projet. Valentinien troisiéme son successeur agit dans les mêmes vûës, & Aétius qui commandoit pour lui dans les Gaules, obligea en cinq cens vingt-huit presque tous les Francs qui s’y étoient cantonnés, à repasser le Rhin, ou à reconnoître l’autorité de l’Empire. C’étoit, comme on le verra, la coutume des Romains lorsqu’il leur convenoit de permettre à quelqu’essain de Barbares qui avoit envahi une portion du territoire de Rome, de garder le pays où il s’étoit cantonné, de l’obliger du moins, à y vivre suivant les loix de l’Empire, & sous l’obéissance de ses Officiers.

Mais les autres affaires qui survenoient de tems en tems à Valentinien, & les guerres civiles dont étoient suivis les démêlés que les Généraux Romains fiers de la foiblesse du gouverne-

  1. Les deux Aquitaines ; la seconde, la troisième, et la quatrième des Lyonnoises.
  2. En 409.
  3. En 429.