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encore parlé dans la notice, des Létes de la cité de Langres, et des Létes du païs des Nerviens.

Il me paroît donc que le nom de Létes n’avoit d’autre acception que la signification propre du mot latin laetus, et qu’il vouloit dire simplement les contens. On leur aura d’abord donné indistinctement le nom de laeti ou de felices, et dans la suite celui de laeti aura prévalu, et il sera devenu le terme propre. Ce qui avoit fait donner le surnom de contens au corps de troupes auxiliaires qui le portoient, c’est que les officiers et les soldats de ces corps avoient été comme adoptés par l’empire, dans la collation des bénéfices militaires qu’il leur avoit conferés, et qu’ils joüissoient ainsi de l’état heureux de sujet de la monarchie romaine. On les aura nommé les contens, par rapport à ce nouvel état. C’est ainsi que par une raison contraire, on appelloit à la fin du dernier siécle les Hongrois qui avoient pris les armes contre l’empereur leur souverain, afin de n’être plus opprimés par ses officiers, les mécontens.

Il n’y a rien dans cette opinion qui soit contraire, ni à ce qu’on lit dans les auteurs anciens, ni à la vraisemblance, et d’ailleurs elle peut être appuyée par un passage d’Eumenius, et par une loi de l’empereur Honorius.

Eumenius d’Autun, dans son panégyrique prononcé devant Constantius Chlorus, dit à ce prince qui avoit pacifié la Grande-Bretagne : » Comme on vit autrefois Dioclétien changer en des Campagnes labourées les déserts de la Thrace, par le moyen des Colonies qu’il y transporta d’Asie ; comme on vit ensuite Maximien faire cultiver les Champs abandonnés dans le Pais des Nerviens & dans celui de Tréves, par des Peuplades de Francs qui s’étoient soumises à notre Gouvernement, par des Francs contens, & aussi satisfaits de leur condition que l’est de la sienne le Citoïen qui sortant de captivité rentre dans tous ses droits : Nous vous avons vû, Prince invincible, faire reverdir par les mains d’un Laboureur Barbare, celles des terres des