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Suivant la notice de l’empire, les troupes auxiliaires qui servoient dans les Gaules, étoient composées de Francs ou d’autres nations germaniques, ainsi que de celles qui habitoient à l’orient du Danube, et au nord du Pont-Euxin. La notice met au nombre des nations qui composoient les troupes dont il s’agit ici, les létes [1] dont il est fait aussi mention dans Zosime et dans Jornandés. Monsieur Du Cange et quelques autres de nos meilleurs auteurs, ont cru que ces Létes étoient une nation particuliere, et leur erreur, supposé qu’ils se soient trompés, n’est pas sans quelque fondement. Zosime dans un passage que nous rapporterons ci-dessous, semble dire que les Létes fussent alors un des peuples de la Gaule. Mon sentiment est néanmoins, que Léte n’étoit point le nom propre d’aucune nation particuliere, mais un nom qui marquoit l’état et la condition de ceux qu’on désignoit par ce terme-là ; enfin un nom qui se donnoit à tous ceux des barbares enrôlés au service de l’empire, ausquels on avoit conferé des bénefices militaires, ou quelqu’autre établissement, et cela de quelque nation que fussent ces barbares. En éclaircissant ce point de nos antiquités, qui semble d’abord appartenir à la geographie, nous ne sortirons point cependant de la matiere que nous traitons actuellement, parce que les faits que nous allons alléguer pour justifier notre sentiment, enseignent plusieurs choses concernant le service des troupes barbares qui portoient les armes pour les romains durant le cinquiéme siécle et le sixiéme.

Notre premiere raison, c’est qu’aucun auteur ancien ne dit quelle étoit la premiere patrie des Létes, ni dans quelle contrée particuliere des Gaules ils avoient leur seconde patrie. Notre deuxiéme raison, c’est qu’on trouve dans la notice de l’empire, dont l’autorité est ici décisive, des Létes de toute sorte de nation. Elle nous apprend qu’il y avoit des Létes teutons en quartier dans la cité de Chartres, des Létes sueves et bataves dans la cité de Bayeux, et des Létes francs dans celle de Rennes. Elle fait aussi mention de quelques autres Létes dont elle ne dit point la nation, peut-être parce qu’ils étoient tirés de differens peuples. Enfin, il est

  1. Laeti & Laetiani.