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troupes romaines. Gratien qui regnoit environ quarante ans après Constantin, irrita les légions contre lui par sa prédilection pour les alliés. Toute son attention, dit Aurelius Victor, étoit pour un corps d’Alains qu’il avoit attirés à son service en leur donnant beaucoup d’argent, et il préferoit hautement ces barbares mercenaires aux vieilles troupes composées de soldats romains. Enfin, ce prince avoit tant d’affection, et même tant d’amitié pour nos barbares, qu’il retenoit toujours auprès de sa personne, qu’on le voyoit souvent dans les marches habillé comme eux.

Rutilius qui partit de Rome pour revenir dans les Gaules peu de tems après que cette ville eut été prise par Alaric, dit que Rome même avant sa prise, étoit déja remplie de soldats et d’officiers habillés de peaux, et qu’elle étoit aux fers avant que d’avoir été faite captive. Nous verrons dans la suite que les Romains qui s’habilloient d’étoffes, désignoient souvent les barbares par la dénomination d’ hommes vétus de peaux .

Quelles étoient les capitulations que les barbares qui s’engageoient à servir l’empire, faisoient avec lui ? Elles étoient apparemment que l’empire pourvoiroit à leur solde, qu’il leur donneroit une récompense, et qu’ils ne seroient point obligés à servir dans des provinces éloignées de leur patrie. Cette conjecture est fondée. On voit dans Ammien Marcellin que les Germains nés hors des limites de l’empire, faisoient, quand ils entroient dans son service, une espece de pacte, qui devoit ressembler en beaucoup de choses aux traités d’alliance qui sont entre les rois très-chrétiens et le corps helvetique, comme aux traités faits entre les états géneraux et l’état ou canton de Berne ; et qu’il y avoit dans ces capitulations plusieurs choses de stipulées concernant la subsistance, la discipline, et les récompenses des soldats et des officiers. Nous voyons, par exemple, que comme les Suisses sont exemtés par les traités qu’ils ont faits avec la France, de servir sur mer, de même les barbares, dont nous parlons,