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stance capable de les arrêter : dès qu’ils l’auroient une fois percée, dès qu’ils seroient entrés dans l’interieur du païs, le sultan n’y trouveroit plus ni des hommes dont il pût faire une nouvelle armée, ni des villes de ressource sous lesquelles il pût la rassembler.

Nous avons vû quel étoit le vice de conformation de l’empire romain. Ainsi l’on ne doit point être surpris de tout ce que firent Constantin et ses successeurs pour changer, s’il est permis de hazarder cette expression, la constitution et le temperamment du corps politique dont ils étoient chefs. Leurs précautions ont-elles avancé la ruine de la monarchie romaine ? L’ont-elles retardée ? Peut-être que les Romains qui vivoient au commencement du sixiéme siécle, et qui voyoient de près le progrès du mal et tous les effets du remede, étoient de sentiment opposé sur cette question. Peut-être les uns soutenoient-ils que les remedes appliqués par Constantin aux maux résultans du vice de conformation de l’empire, n’eussent servi qu’à leur faire faire un progrès plus rapide, tandis que d’autres prétendoient que l’empire devoit à ces remedes-là, le peu de vie qui lui restoit encore.


LIVRE 1 CHAPITRE 10

CHAPITRE X.

Des Troupes Estrangeres que l’Empire prenoit à sa solde dans le cinquiéme siécle, & des Létes en particulier.


Nous avons vû qu’avant Caracalla les cohortes auxiliaires qui servoient dans les armées romaines, étoient composées de ceux des sujets de l’empire qui ne pouvoient point entrer dans les cohortes prétoriennes, ni dans les légions, parce qu’ils n’étoient pas citoïens romains. Dès que cet empereur eut donné le droit de bourgeoisie romaine à tous les sujets de l’empire qui étoient de condition libre, l’entrée dans les légions leur fut ouverte. Ainsi les troupes auxiliaires que nous voyons servir dans les armées romaines sous le bas-empire, n’étoient plus composées de soldats nés ses sujets, mais d’étrangers qu’il adoptoit, pour ainsi dire, et à qui l’on donnoit le nom d’Alliés ou deConfederés  ; en prenant ce nom dans une acception bien differente de celle qu’il avoit euë sous le Haut-Empire.