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bord en deux classes. Les unes étoient les Troupes Romaines, ou celles qui étoient composées de Sujets naturels de l’Empire. Les autres étoient des Troupes étrangeres, & composées de Barbares que l’Empire avoit pris à son Service. Commençons par les premieres.

Les Troupes Romaines étoient alors divisées en deux especes de Milices, & chacune de ces Milices étoit destinée originairement à faire un service particulier, & different du service de l’autre. Une partie de ces Corps de Milice, celle que nous appellerons dans l’occasion Troupes de Campagne, étoit destinée principalement à suivre le Prince par tout où il alloit, & à marcher incessamment où il jugeoit à propos de l’envoyer. L’autre partie que nous appellerons dans l’occasion Troupes de Garnison ou Troupes de Frontiere, & qu’on trouve désignée par la dénomination de Milites limitanei ou Riparenses, dans l’Histoire du Bas-Empire, étoit spécialement destinée à la garde d’une certaine Contrée, où la plûpart de ses Soldats avoient même leurs domiciles particuliers.

Voici l’origine des Troupes de campagne. Lorsque Constantin Le Grand eut cassé les anciennes Cohortes Prétoriennes, il institua un nouveau Corps de Milice pour la garde de la personne du Prince, et l’on donna aux soldats qu’on y enrôloit le nom Soldats presens. C’est à mon sens ce que signifient toutes les dénominations sous lesquelles nous les trouvons désignés. Ce Corps de Troupes eut aussi son Chef particulier appellé le Maître des Soldats presens ; & cet Officier qui se tenoit auprès de la personne de l’Empereur, exerçoit toutes celles des fonctions des anciens Préfets du Prétoire, lesquelles étoient purement Militaires. Ainsi l’on peut croire que c’étoit par son canal que les Géneralissimes des Diocèses des quatre Préfectures du Prétoire, érigées par Constantin, recevoient les ordres du Prince. Soit que cet Empereur eût mis sur pied un gros Corps de cette nouvelle Milice, soit que ses Successeurs l’eussent augmenté, en y incorporant une partie des anciennes Légions, il est certain que du temps d’Honorius, ce Corps étoit assez nombreux pour suffire en même tems à monter la garde auprès de la personne de l’Empereur, & à fournir des déta-