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Canton de Païs, le Commandement de Strasbourg ; & d’un autre côté ils donnoient ce même nom de Tractus à l’assemblage des cinq Provinces, qui composoient le Commandement Armorique. Je m’étonne que les Sçavans qui ont si bien expliqué le sens des mots Latins forgés dans le quatriéme siécle, ou dans les siécles suivans, ainsi que la signification nouvelle qu’on y attacha à des mots plus anciens, n’ayent rien dit de Tractus pris dans l’acception dont il s’agit ici. Mais les détails où nous allons entrer prouveront suffisamment que Tractus avoit alors la signification que nous venons de lui attribuer.

La Notice de l’Empire après avoir donné le dénombrement des Troupes qui servoient sous les ordres de la personne respectable qui étoit Duc ou Général du Commandement Armorique & Nervien, ajoute : « Ce Commandement renferme cinq Provinces, sçavoir, les deux Aquitaines, la quatriéme Lyonoise ou la Sénonoise, la troisiéme Lyonoise & la seconde Lyonoise. » Notre Commandement devoit encore, suivant le Titre qu’il portoit, embrasser du moins une portion des Côtes de la seconde Belgique, c’est-à-dire, la partie qui s’étendoit le long de l’Ocean, depuis les limites de la seconde Lyonoise jusqu’à l’embouchure du Rhin dans l’Ocean. Ainsi le Commandement Armorique comprenoit trois Cités de la seconde Belgique, sçavoir, celle de Boulogne, celle des Morins, & enfin celle des Nerviens, qui étoit à l’extrêmité des Gaules et touchoit au Rhin, & que la notice désigne en géneral par l’expression, Nervicanus limes. On avoit apparemment renfermé dans le Commandement Armorique & Nervien ces trois Cités, situées entre le Rhin & les confins de la seconde Lyonoise qui est notre Normandie, afin que toutes les Troupes & toutes les Flottes destinées à la garde des Côtes de la Gaule Celtique sur l’Ocean, fussent sous les ordres du même Officier, du Duc qui commanderoit dans ce Gouvernement Militaire.

Dès que c’est un Acte public aussi autentique que la Notice de l’Empire, qui nous apprend la grande étenduë qu’avoit le Commandement Armorique ou Maritime, nous ne sçaurions