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cinquiéme siécle sans Commandant particulier une Province aussi exposée que l’étoit la Germanique inferieure. Dès le tems des premiers Césars, la seconde Germanique avoit une armée destinée à sa défense, & commandée ordinairement par un Géneral qui avoit été Consul. Il est triste que la Notice de l’Empire ait été tronquée à l’endroit où elle faisoit mention du Duc de la Germanie inferieure. Nous eussions eu sans ce malheur une connoissance exacte de tous les postes que les Troupes qui étoient à ses ordres, devoient occuper depuis Coblents jusques aux bouches du Rhin.

Nous serons un peu diffus en parlant du premier des Officiers qui commandoit dans les Gaules sous les ordres du Maître de la Milice, je veux dire de l’Officier qui exerçoit l’emploi de Duc dans le Commandement Armorique.

Les Romains en réglant les districts de leurs Commandemens Militaires, ne s’étoient point assujettis toûjours aux bornes qu’avoient les dix-sept Provinces, par rapport au Gouvernement Civil ; en formant ces districts ils n’avoient eu égard qu’au bien du Service. La même chose arrive tous les jours dans les monarchies, & il est même comme impossible qu’elle n’arrive pas. Ainsi d’un côté ils avoient pris une partie de la premiere Germanique pour en faire un Commandement particulier, celui de Strasbourg ; & d’un autre côté ils avoient réüni cinq provinces entieres, & le païs des Nerviens qui faisoit une portion de la seconde Belgique, pour en former le Commandement Armorique ou Maritime. Ce n’étoit pas seulement dans les Gaules qu’on en avoit usé ainsi. La Grande-Bretagne qui par rapport au Gouvernement Civil étoit divisée en cinq Provinces[1], n’étoit, par rapport au Gouvernement Militaire, divisée qu’en deux Commandemens, celui du rivage Saxonique, & celui du rivage Britannique. Les cinq Provinces Civiles ne faisoient que deux Provinces Militaires.

Nous voyons par la Notice de l’Empire, que les romains donnoient le nom particulier de Tractus à ces Commandemens, dont l’étenduë ne répondoit point à celle de la Province ou des Provinces Civiles comprises dans un Commandement. D’un côté ils appelloient Tractus Argentoratensis le démembrement de la Germanique supérieure dont on avoit fait, en y ajoûtant peut-être quelqu’autre

  1. Pancirol. in Not. Imp. p. 158 & 161.