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cinquiéme siécle par des Maîtres de l’une & de l’autre Milice, c’est-à-dire, par des Officiers qui étoient à la fois Généralissimes et de l’Infanterie & de la Cavalerie. Tel fut Aëtius sous Valentinien III. Tel fut Egidius sous Majorien. Cela me porte à croire que les Empereurs après avoir cherché inutilement le moyen de prévenir les contestations ausquelles le partage du Commandement, quel qu’il fût, donnoit lieu journellement, & après avoir dans cette vûë changé et rechangé plusieurs fois l’ordre établi, avoient enfin pris le parti de réünir sur une même tête les deux Emplois dont il est ici question, en les conferant à la même personne. Nous verrons plus bas que nos Géneralissimes recevoient les ordres du Prince par le ministere des Chefs des Soldats présens, institués pour exercer les fonctions Militaires dont les Préfets du Prétoire avoient été dépoüillés.

Quoique le Maître de la Milice dans le Département de la Préfecture du Prétoire, dont le Siége étoit à Tréves, eût sous ses ordres tous les Officiers Militaires qui servoient en Espagne & dans la Grande-Bretagne, aussi-bien que ceux qui servoient dans les Gaules, nous ne parlerons néanmoins que de ceux de nos Officiers qui étoient employés dans la derniere de ces grandes Provinces de l’Empire. Le sujet que nous traitons ne demande point que nous en fassions davantage.

Les principaux Officiers qui servoient dans les Gaules sous notre Géneralissime[1], étoient le Duc, c’est-à-dire le Géneral, du Commandement Armorique & Nervien, le duc de la Province Séquanoise, le Duc de la seconde Germanique, le Duc de Mayence, le Duc de la seconde Belgique, & le Comte Militaire du district d’Argentine ou de Strasbourg. On trouve bien dans tous les tems de la République Romaine & du Haut-Empire, le Titre de Duc donné à plusieurs personnes, mais il se donnoit alors relativement à l’armée que commandoit l’Officier à qui l’on le donnoit. Duc signifioit simplement Général. Ce ne fut apparemment qu’après les mutations faites dans la forme de l’administration de l’Empire, qu’on donna le Titre de Duc, relativement à un certain Païs, et qu’on appella l’Officier, lequel y commandoit les Troupes, Duc de cette Contrée-là, tandis qu’on appelloit ou Proconsul ou Président de la même Contrée, l’Officier, lequel y exerçoit le Pouvoir Civil.

Il y a peu de choses à observer concernant les cinq der-

  1. Panc. Not. Imp. part. 2. cap. 1.