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vient des troubles, les fonctions de ceux dont les Dignités sont, pour ainsi dire, désarmées : on ne sçauroit croire que Constantin n’eût pas prévû cet inconvenient, & peut-être avoit-ce été dans la vûë de le prévenir, qu’il avoit ôté le Commandement des Troupes aux anciens Officiers dont la Dignité connuë depuis long-tems étoit universellement respectée, & qu’il avoit pris le parti de confier ce Commandement à des Officiers moins accrédités, parce que leurs Emplois seroient, pour parler ainsi, de nouvelle création. L’idée que nous avons de Constantin ne nous laisse point croire qu’il s’en fût tenu à cette précaution. Il avoit sans doute recommandé très-sérieusement à ses Successeurs de ne jamais souffrir ces usurpations que la vigilance et l’inflexibilité du Souverain pouvoient seules empêcher. Mais il paroît en lisant Ammien Marcellin que les Successeurs de Constantin avoient été trop négligens ou trop faciles. Il se faisoit cependant de tems en tems quelques loix pour réprimer les usurpations des Comtes Militaires, & de leurs Officiers Supérieurs. En voici une qui fut publiée à ce sujet, vers la fin du quatriéme siécle, par les empereurs Valentinien le jeune, Gratien et Theodose. « Les illustres Comtes, ni les Generalissimes d’Infanterie ou de Cavalerie, n’auront aucune autorité sur les Citoïens des Provinces de leurs départemens, & d’un autre côté les Préfets du Prétoire n’auront aucune autorité sur les Troupes qui seront dans leurs Diocèses. »

Ce que nous venons de dire instruit suffisamment des fonctions du Préfet du Prétoire du Diocèse des Gaules. Au commencement du cinquiéme siécle, il faisoit encore son séjour à Tréves, le premier lieu de sa résidence. En effet, c’étoit la Ville de son Diocèse la plus considerable. Tréves, dit Zosime, en parlant d’une chose qui n’est pas de notre sujet, est la plus grande Ville qui soit au-delà des Alpes. Zosime écrivoit en Orient, & les Gaules à son égard étoient au-delà de ces montagnes[1]. Il y avoit sous le Préfet du Prétoire du Département des Gaules trois Vicaires Géneraux, dont l’un étoit pour les Gaules, le second pour l’Espagne, et le troisiéme pour la Grande-Bretagne. Nous nous borne-

  1. Pancirol, in Noti. Imperii cap. 66. p. 155 & cap. 68 p. 157.