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loient que Procuratores, Claude le Prédecesseur de Neron, leur avoit dans le cours de son regne, communiqué ce Pouvoir, et sa disposition avoit été confirmée par un Decret du Sénat.

Le Préfet du Prétoire qui recevoit et qui envoyoit de la Cour aux Officiers servans dans les Provinces, les ordres de l’Empereur qui concernoient la Guerre, étoit aussi celui qui leur envoyoit les ordres du Prince qui concernoient le Gouvernement civil. Dans les affaires d’une et d’autre nature, les Gouverneurs des Provinces s’adressoient donc également au Préfet du Prétoire. Il étoit ainsi le premier dépositaire des volontés du Prince, et il se tenoit toujours auprès de sa personne pour recevoir ses ordres de quelque nature qu’ils fussent, et les envoyer ensuite à ceux qui devoient être chargés de les executer. L’Officier dont je parle exerçoit dans l’Empire Romain toutes les fonctions qu’un Grand Vizir exerce aujourd’hui dans l’Empire Ottoman. Ainsi quoique le Préfet du Prétoire, ne fît rien en son nom, et qu’il ne parlât jamais que comme l’écho du Prince, s’il est permis de s’expliquer en ces termes, il gouvernoit néanmoins despotiquement l’Etat, sous un Empereur ou incapable d’affaires, ou dissipé ; il devoit même avoir toujours un grand crédit sous les Empereurs les plus sages et les plus appliqués : on peut bien sur ce point là en croire Macrin, qui après avoir rempli l’emploi de Préfet du Prétoire sous l’Empereur Caracalla, vint à bout de faire assassiner son Maître et de s’en faire proclamer le Successeur. Macrin en écrivant après son avenement à l’Empire, au Sénat qu’il vouloit engager à le reconnoître pour Souverain, dit entr’autres raisons. « J’ai toujours été porté par mon inclination naturelle, à la douceur & même à la débonnaireté. Ne l’ai-je point assez donné à connoître par la maniere dont j’ai exercé sous mon Prédecesseur, un Emploi qui ne donne guéres moins de pouvoir à celui qui s’en trouve revêtu, qu’en donne la Dignité Imperiale, puisque l’Empereur est obligé tous les jours de se reposer de bien des choses sur la fidelité du Chef des Cohortes Prétoriennes. ». c’est le nom François que plusieurs de nos Traducteurs donnent au Préfet