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IV

LES VILLES DU NIGER

« Carré contre la cavalerie !… Maaarche ! » Ce commandement lancé d’une voix vibrante, un cliquetis d’armes, un grand bruit de pas, des commandements mineurs se croisant, tel fut mon réveil, le lendemain de mon arrivée, dans une des casemates du fort de Bammakou où l’on m’avait offert l’hospitalité. Quelque peu ahuri, j’avisai mon domestique qui guettait mon lever, silencieusement accroupi dans un coin de la pièce : « Ça, me répondit-il, c’est tirailleurs qui faire exercice. » En effet, ayant glissé l’œil au travers de l’une des trois meurtrières qui me servaient de fenêtres, j’aperçus un carré de nègres hérissé de baïonnettes.

Le fort de Bammakou est, sur notre route, le premier qui comporte encore un appareil militaire et une garnison. Les circonstances critiques dans lesquelles il fut élevé se reflètent curieusement dans sa construction. C’est simplement un grand rectangle de murailles. Aucune des ingéniosités de la fortification moderne ; mais partout surabondance de meurtrières, dans les écuries, dans les magasins, dans les chambres, dans la cuisine ! Il avait fallu faire vite et se contenter du strict nécessaire en 1883. Samory terro-