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LE NIGER

dont on a soixante mille et plus pour 100 francs. En tant que commodité, cela rappelle incontestablement la monnaie de fer de Sparte au temps de Lycurgue. Mais combien l’on passe aisément sur cet inconvénient, à se voir toujours suivi d’un trésorier nègre, porteur d’un sac rebondi et pesant — tels les khalifes des contes d’Orient ! Et à lui dire souvent : « Compte six cents cauris pour ce poulet », « Donne deux mille pour ce mouton », « Paye dix mille cette couverture » ; à manier banalement ainsi les cent et les mille, sans voir beaucoup diminuer mes millions, j’ai savouré pleinement la jouissance de la fortune inépuisable.

Que ne suis-je donc né poète ! En quel poème magnifique, tout de vers sonores, de rythmes tintants et de rimes riches, je t’aurais célébré, toi qui n’as pas voulu que je meure sans avoir vécu ce souhait de chacun : être millionnaire !