manoir du Lancashire ou les toits ardoisés d’un château de l’Eure. Au reste, les superbes troupeaux de bœufs-à-bosse, grands et gras, hôtes de ces herbages, achèvent cette illusion d’un paysage du Nord.
Par delà Saréféré, la note était tout opposée. C’étaient
tantôt des enchevêtrements de forêt tropicale, tantôt des
coins d’Orient qui défilaient devant mon yacht, sites
vus déjà en Égypte ou en Syrie : palmiers élancés, droits
ou penchant leur panache, dominant une végétation plutôt
basse et clairsemée, nuancée de vert mélancolique comme
le mont saint-henri.
les oliviers de la Palestine ; palmiers nains et buissons de
plantes grasses qui me rappelaient les fourrés de figuiers
de barbarie de la Judée.
Passé El Oual Hadj, de nouvelles étendues très vertes apparaissent mais avec un autre caractère. Les villages ne s’y pressent pas comme naguère, sur les rives ; ils sont disséminés, invisibles, loin du fleuve, à cause des inondations. Le ciel se strie, durant le jour, de fins rubans de fumée, et la nuit, se teinte de lueurs roses. C’est là toute la vie perceptible. On navigue des heures et des heures sans percevoir à terre quelque chose de vivant, homme ou