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LE NIGER

l’instant après qu’ils avaient été battus — de ce doux rire où l’esprit, la malice, ou la méchanceté n’entrent pour rien ; qui est toujours prêt en un coin de leurs épaisses lèvres dans les circonstances même les plus sérieuses, aussi nécessaire à leur existence que l’eau et la nourriture : de cet heureux rire des peuples enfants qui ignorent les tortures physiques et morales dont résulte l’homme perfectionné. Oui, « rire est bien le propre de l’homme ». Un des nôtres
négrillon faisant le salut militaire.
a tracé cette maxime. Chez eux, personne ne l’a énoncée, mais tous l’appliquent à l’envi.

Militairement saluaient aussi les placides pêcheurs à la ligne, au large desquels nous passions. Cette forme de salut est à peu près tout ce que, depuis notre récente apparition, leur a apporté cette civilisation dont nous sommes si fiers ! Pauvres d’eux ! Quand sera venu le reste, ce sera fini de rire…

Depuis le pays de Ségou jusqu’à ces régions aux abords de Tombouctou où le sable du Sahara commence à semer de taches blanches les rives vertes, au lieu des singes qui naguère me huaient bruyamment au passage, des chevaux, des bœufs, des chèvres, des moutons paissaient l’herbe fine