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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

ment ; seulement la distance, le grand éloignement, exigent de la lenteur dans les déterminations. Il faut que vos voisins vous viennent en aide.

« Je ferai des démarches auprès des Français pour qu’ils s’éloignent de vous, mais auparavant envoyez-moi des preuves comme quoi vous dépendez de mon haut gouvernement et de mon royaume bien-aimé.

« Si vous possédez des écrits émanant de vos ancêtres (les généreux qui sont en avant, dans le pays du salut !), des documents évidents et sérieux, envoyez-les-moi. Grâce à eux, je vous délivrerai de tout ce qui est arrivé par la force et la puissance de Dieu, le très élevé, qui suffit aux affligés, qui soulage ceux qui souffrent, car il est tout-puissant.

« Salut.
« Moulay el Hassan. »

Ainsi les rares et dernières illusions sont évanouies. Aussitôt reçue, la lettre de Sa Majesté chérifienne a été déposée entre les mains du commandant de Tombouctou, qui l’a délicatement placée dans les archives.

Deux grands forts ont remplacé les fortins improvisés, et leurs canons battent désormais de tous côtés les abords de la ville. Sous cette garde d’airain la population commence à revivre, à se ressaisir. Le long cauchemar des Touaregs se dissipe lentement. On commence à réparer et à rebâtir les maisons, à entre-bâiller les portes, à porter de nouveau les belles robes brodées.

Lentement aussi la ville s’incruste d’empreintes européennes. La première a été un commissaire de police, un grand hercule nègre flanqué d’un long sabre en sautoir, qui a promené à travers les rues sa silhouette de garde champêtre. Ensuite un audacieux qui avait poussé maintes pointes dans le sud-algérien, Gaston Méry, est venu fonder un comptoir. Dans une grande et confortable maison qu’il s’est fait construire, il