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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

négociateurs ont été renvoyés à Tombouctou afin de préparer les événements. Durant la nuit des chalands montés par dix-huit hommes ont cheminé sans encombre à travers les sables. Le matin, ils sont devant Tombouctou.

À cette nouvelle une quarantaine d’intransigeants, Foulbés et Kountos pour la plupart, prennent les armes. Mais les autorités les leur font déposer aussitôt, menaçant d’ameuter contre eux la masse de la population. Puis elles se rendent sur les bords du marigot, apportant quelques cadeaux de bienvenue.

Le commandant Boiteux leur dit : « M’apportez-vous aussi le traité de paix que j’ai demandé ? — Non, répond le chef de la ville, car nous n’avons connu ton arrivée que cette nuit. — Alors je n’accepte pas vos cadeaux, reprend le commandant, et je n’ai rien de nouveau à vous dire. Vous connaissez toute ma pensée : Je l’ai dite tout entière à Kabara à vos deux envoyés. »

Tandis que la députation se retire, l’un des petits canons est débarqué et installé sur une dune voisine transformée rapidement en redoute. L’autre canon reste à bord de son chaland, braqué sur le rivage, afin de protéger une retraite éventuelle.

La présence de la petite troupe et surtout ses deux canons dont on connaît la puissance terrible, ont rassuré les autorités contre un retour des Touaregs, et leur donnent le courage de prendre une résolution finale. Elles ont convoqué les notables et les marabouts à la mosquée et, la prière de trois heures ayant été dite, Kouati, le marabout influent, prend la parole : « Vous tous, que dites-vous ? » fait-il à l’assemblée, qui lui répond : « Et toi, que dis-tu ? »

— Mais, moi, je ne fais pas partie des autorités.

— Certes, mais tu es marabout, tu es l’homme de la parole de Dieu : parle ! parle !

— Voici ma pensée, dit alors Kouati : tous ceux qui ne