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LA CONQUÊTE FRANÇAISE

un Jour nouveau : telle qu’elle fut vue par les habitants et qu’ils me Îa racontèrent, telle que l’aurait relatée un de ces vieux conteurs soudanais dont l’espèce s’est perdue.

Dès le mois de novembre 1895 de vagues rumeurs émurent Tombouctou. Un rassemblement de troupes était signalé à Ségou. Le pays étant tranquille de ce côté, on conjectura que l’expédition se dirigerait vers le nord. Trois semaines s’écoulèrent sans nouvelles. Tout à coup les événements se précipitèrent. Un commerçant du sud vint annoncer que les canonnières étaient arrivées à Saréféré, et se disposaient à repartir pour Kabara ayant embarqué, comme pilotes, deux notables de Tombouctou qui s’étaient exilés, ruinés par les Touaregs. Et dès le lendemain on apprit la présence de la flottille à Korioumé.

Un gros de Touaregs-Tenguérégifs se trouvait à Tombouctou. Ils mandèrent aussitôt le chef de la ville, Hamdia, et lui ordonnèrent de faire battre le tabala (tambour de guerre) et d’enjoindre aux habitants de prendre les armes. L’émotion fut vive. La population était partagée entre la crainte des Français et la terreur des Touaregs. Certains notables firent des remontrances à Hamdia. Seuls, les Kountas habitant la ville montrèrent quelque ardeur. Cependant tous ceux qui n’avaient pu se cacher à temps durent partir en compagnie des hommes voilés. La petite armée avait pour cavalerie les Touaregs, et pour armes des lances et des javelots. Elle ne disposait que de quelques fusils appartenant principalement à des Kountas.

Tandis qu’elle s’achemine vers Kabara, dans la matinée du 5 décembre, les canonnières et les chalands de la flottille quittent Korioumé et montent dans le marigot jusqu’à Daï. Là, le commandant Boiteux et quelques laptots (matelots