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L’EUROPE ET TOMBOUCTOU

pour lui le froid qui règne dans nos pays. Ce froid est très grand… etc.

Le navire annoncé ne remonta Jamais jusqu’à Tombouctou. Aucun Backay n’alla visiter l’Angleterre et ses fabriques. Les « joies immenses » de lord Clarendon furent passagères : ses espérances ne se changèrent point en résultats.

Après le départ de Barth, son protecteur n’a guère le loisir de donner suite aux projets ébauchés entre eux. Avant tout il est obligé de songer à lui-même. Sa généreuse attitude, qui l’a popularisé en Europe, a grandement ébranlé sa situation à Tombouctou. Des rapports très tendus avec les autorités foulbés et la méfiance des habitants pour ce protégé des Touaregs l’obligent désormais à une réserve extrême.

Cependant la période la plus critique du Soudan approche. L’invasion toucouleur monte peu à peu du sud vers le nord. EI Hadj Omar marche de victoire en victoire. L’empire foulbé est menacé (1860).

En ce péril, Ahmadou-Ahmadou songe naïvement à opposer un homme de religion à celui qui se pose en Réformateur pour justifier ses incessants massacres. Le cheik El Backay rentre en scène : invité à intervenir comme médiateur auprès du Nouveau Prophète, il garde d’abord rigueur au roi foulbé et refuse. Puis il adresse à El Hadj un message de paix accompagné de présents considérables. Pour toute réponse, le conquérant toucouleur invite ironiquement El Backay lui-même à se hâter de lui rendre hommage. Alors celui-ci flagelle le faux prophète d’une satire en vers ! Et pendant ce temps Ahmadou-Ahmadou périt. Les Toucouleurs s’installent dans Hamdallaï, la capitale foulbé, et une de leurs colonnes, sous le commandement d’Alfa Oumar, entre à Tombouctou, pille la ville et saccage l’habitation d’El Backay.

Dans le Désert où il s’est réfugié, le cheik se décide enfin à