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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

naissait le nom de cette ville, parce que c’était là que le riche juif marocain qui lui achetait ses plumes d’autruche les envoyait. Mais sa curiosité avait été vivement excitée par le récit des merveilles que lui avait racontées un Marocain qui s’y était rendu pendant l’Exposition, et il voulait savoir S’il n’avait pas été dupe d’un hâbleur. Je le rassurai naturellement et lui racontai en outre toute l’histoire de René Caillié. Risquer sa vie et sacrifier ses intérêts pour la simple satisfaction de voir une ville ou un pays nouveau, cela l’étonna. Il comprit néanmoins qu’à nos yeux sa maison était la plus précieuse de Tombouctou, et J’en profitai pour lui en recommander d’une manière toute parliculière l’entretien et la conservation.

Étaient-ce les sacrifices considérables que le gouvernement anglais avait faits pour Laing ? Était-ce la grande confiance que l’opinion publique avait en la réussite de ce brillant officier ? Toujours est-il que l’Angleterre conçut un vif dépit du succès de René Caillié. Ce dépit alla jusqu’à l’injustice la plus odieuse : les Anglais contestèrent son voyage. Ils mirent en doute et son itinéraire et son séjour à Tombouctou, Ils ne se montrèrent complètement édifiés que vingt-cinq ans plus tard, lorsqu’un Allemand vint confirmer l’exactitude des dires de Caillié.

En 1850, le gouvernement anglais tente un nouvel effort vers le Soudan. Richardson équipe à Tripoli, dans les mêmes conditions d’opulence que Mungo-Park et Laing, unie grande mission dont l’objectif est le lac Tchad. À la demande de la Prusse deux Allemands en font partie. L’un est le docteur Barth.

Tous ses compagnons étant successivement morts de maladie, Barth mène à bonne fin la mission. Après avoir exploré le bassin du Tchad et découvert la Benoué, il prend la route