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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

miers, ses mares scintillantes. La ville est trois fois grande comme aujourd’hui. Ses rues, fraîches et bleues sous de grands arbres, grouillent de la vie de cinquante mille habitants.

Au lieu de la solitude, de l’abandon et de la misère inéluctable, c’est tout à coup pour le voyageur la satiété en toutes choses. C’est l’abondance de l’eau et de l’ombre, c’est le secours de la parole de Dieu, c’est le charme de la parole des hommes, c’est la richesse de l’ivoire et de l’or, c’est la table plantureuse et la douceur du miel, c’est aussi l’abondance des sourires…

On m’a conté que d’aucuns, subitement, devenaient fous…

Comprend-on qu’après avoir ressenti, même un seul jour de leur vie, une secousse pareille, les hommes de Tripoli, de Tunis, d’Alger et de Fez aient célébré jusqu’à leur heure dernière la splendeur et les délices de Tombouctou ? Conçoit-on que leurs récits parvenant en Europe y aient créé la légende d’une cité fabuleuse ?