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DE PARIS AU NIGER

divers bâtiments et les abords sont jonchés de caisses et de barillets sur lesquels on lit : médicaments, bougies, huile, sucre, etc., avec les noms de : Faranna, Siguiri, Ségou, Tombouctou, etc., les postes auxquels ces envois sont destinés. Et dans les cours de ces deux forts ce ne sont que porteurs accroupis attendant des colis à transporter ; dans les ordres qui volent, dans les conversations, partout, à toute heure, on n’entend parler que caisses et transport. On ne tarde pas à éprouver la plus horripilante des obsessions, et il est facile d’imaginer avec quelle impatience Européens et indigènes attendent le prolongement du rail de Dioubéba à Bammakou.

Après Koundou, un troisième fort, complètement abandonné aujourd’hui et qui s’en va en ruines, on franchit au village de Dion la ligne même de partage des eaux du Sénégal et du Niger. Le bassin de ce dernier commence là, à une quarantaine de kilomètres à peine de sa rive gauche.

Dès que l’on est parvenu dans le domaine du Nil de l’ouest africain, une région toute différente apparaît. Jusqu’ici le pays était plaisant, varié, pittoresque, une manière de petite Suisse, mais ne donnant pas l’impression d’un pays particulièrement fertile, comme la Suisse d’Europe.

Ces quarante derniers kilomètres tranchent sur le reste de la route. Des sources nombreuses, des ruisselets à chaque pas. Les cultures se multiplient. Tout le long du chemin ce ne sont que champs sans interruption. Des coins ravissants surgissent, faits d’eau argentée, de palmiers et de rochers. Les villages se suivent plus rapprochés. La population y est plus dense. Au gros bourg de Kati, une jolie vallée, au fond de laquelle cascade un ruisseau, se dessine, d’abord accidentée et étroite entre deux lignes de gradins rocheux qui vont ensuite s’écartant, se développant en éventail pour mourir sur les bords du Niger.