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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

sente une valeur de 600,000 francs à un million : elles arrivent principalement en décembre-janvier et en juillet-août. De petites caravanes de 60 à 100 chameaux arrivent toutes les semaines, à toute époque de l’année. On recevait ainsi, m’ont dit les vieillards, de 50 à 60.000 chameaux par an. Au cours de cette année qui a suivi notre occupation — année anormale évidemment — on a constaté officiellement l’arrivée de 14.000 chameaux seulement.

Le chameau saharien ne pouvant supporter le climat des plaines du sud abondamment arrosées, les caravanes ne dépassent jamais Tombouctou.

Pour faire la contre-partie de l’Afrique septentrionale, le Soudan envoie, au point de leur arrêt, ses flottilles. Elles partent principalement de Dienné, Sansanding, Dia, Korienzé, Sa, Diré, Saréféré, Daré-Salam. Les pays de la boucle du Niger, où les chemins d’eau manquent : le Mossi, le Miniankola, le Dafina, le Kunédougou, les pays Bobos, le Houmbouri, le Libtako, et aussi le Dandi et le Haoussa, organisent des convois de bœufs, d’ânes ou de porteurs pour gagner le plus voisin des ports fluviaux que nous venons d’énumérer.

Les flottilles accostent, suivant l’étiage du Niger, à Kabara, Daï ou Korioumé, qui jouent, pour elles, le rôle du faubourg d’Abaradiou pour les caravanes : un déchargement provisoire s’y opère et les bateliers y prennent leurs quartiers.

Il n’en a pas été toujours ainsi. Au début de la ville les bateaux du plus fort tonnage pouvaient parvenir à la saison des hautes eaux (décembre-janvier) jusqu’aux portes mêmes de Tombouctou. Le marigot de Kabara était alors de beaucoup plus profond, puisque les hippopotames y venaient en villégiature[1]. Avec les siècles, sous l’action des vents du Désert,

  1. Cette particularité a valu au quartier qui est proche de l’eau le nom caractéristique de Baghindé : Ghindé, refuge ; Bangha, hippopotame.