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DIENNÉ, HIER ET AUJOURD’HUI

ils deviennent marchands à leur tour. » Et il concluait : « C’est ici une honte d’être mendiant, car, parmi nous, il est possible à chacun de gagner sa vie. Si pauvre qu’il soit, un homme peut devenir riche, pourvu qu’il travaille. »

Contrairement à l’usage oriental ou arabe, et conformément à la coutume des anciens Égyptiens, chez les Songhoïs ce sont les hommes qui tissent les étoffes et non les femmes. Celles-ci se contentent de filer et de teindre. Le nègre nigritien ne connaît qu’une couleur, le bleu de son indigo. Dans les pays songhoïs, on sait teindre de plus en noir, Jaune et rouge-chaudron, et ces couleurs sont, comme l’indigo, d’origine végétale. Des motifs ornementaux très réguliers sont tissés ainsi et l’un des plus fréquents est cette alternance de carrés clairs et sombres, en damier, que l’on retrouve dans les tentures et dans les voiles des fresques égyptiennes. Parmi les tissus fins, l’un d’eux mérite au moins de retenir encore l’attention. C’est une étoffe de luxe, usitée comme châle ou turban : elle est agrémentée de points semblables à ceux qui forment nos serviettes-éponge.

Chez les artisans on constate les vestiges d’une division en corporations. La maçonnerie est la tâche des hommes, tandis que dans les pays de nègres aborigènes elle échoit aux femmes. Les maçons et les forgerons sont fournis par certaines familles où la profession se transmet de père en fils. Les uns et les autres reconnaissent l’autorité supérieure de l’un d’entre eux, et ces deux chefs de corporation se joignent aux notabilités (chef de la ville, cadis, etc.) pour délibérer des choses publiques.

Tandis que les populations sénégalaises et soudanaises recherchent le bleu dans leurs vêtements, les Songhoïs de préférence vont de blanc vêtus, comme les Nubiens et, de même, ils ont le riz pour base de nourriture, au lieu du mil des nègres. Ils servent leurs mets non dans des calebasses ;