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L’INVASION MAROCAINE

ment suprême fut confié au pacha Djouder qui avait sous ses ordres des chefs ou caïds. Et l’expédition quitta le Maroc à la fin de l’année 1590.

Elle pénétra au Soudan par l’ouest et déboucha dans la région des lacs au sud de Tombouctou. L’heureuse arrivée au Niger fut considérée comme une première victoire et l’armée s’en réjouit dans un grand festin. Puis elle se dirigea droit sur Gaô, la capitale. Quand Ishak II connut l’arrivée des Marocains, il rassembla 30.000 fantassins et 12.000 cavaliers et se porta au-devant de l’envahisseur. La rencontre eut lieu non loin de Tombouctou, à Toundibi, en février 1591.

EI Mansour n’avait pas faussement préjugé de son armement perfectionné. Les Songhoïs furent mis en déroute sans combat, « en un clin d’œil », est-il dit. L’apparition soudaine de la fumée, le bruit de la poudre, les balles « tombant comme la grêle », produisirent un effet si terrifiant que beaucoup né s’enfuirent même pas, jugeant que c’était inutile, que rien n’était capable de les préserver de pareils phénomènes. On en trouva assis sur leur bouclier, les jambes croisées, attendant ainsi les vainqueurs qui les tuaient sans qu’ils tentassent un mouvement de défense. Les Marocains sabrèrent impitoyablement cette foule démoralisée, même ceux qui criaient : « Nous sommes musulmans ! Nous sommes vos frères en religion. »

La panique se répandit, dura, plana sur tout le pays comme elle avait régné durant la bataille. Ishak, qui était allé au combat plein de confiance, entouré de magiciens, de souffleurs de nœuds et de sorciers, ne songea même pas à résister dans sa capitale. Ordre fut donné de l’évacuer et le roi se réfugia avec la foule des fuyards dans le sud-est, au Bornou, sans tenter les chances d’une seconde bataille.

Djouder entra sans coup férir à Gaô où Ishak s’empressa de lui faire parvenir des propositions de paix, acceptant de