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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

Malheureusement la moisson de cette belle poussée va être arrêtée dans son développement normal. Moins par les indignes successeurs du grand Askia, que par des civilisés, ou soi-disant tels, par des blancs qui vont survenir, faucher ces superbes promesses, et faire refleurir l’ivraie de la barbarie.

Après trente-cinq ans d’un règne si bien rempli, les facultés d’Askia le Grand avaient baissé. Ses nombreux fils (il en eut près d’une centaine), quoique associés au gouvernement, s’impatientaient de le voir se survivre. Finalement l’aîné, Askia Moussa, se soulève et dépose son père, à Gaô, en 1529.

Moussa et ses successeurs n’eurent qu’à se laisser vivre dans le solide édifice dressé par le fondateur de leur dynastie. Je ne relèverai donc de leur règne que les faits qui peuvent contribuer à nous former une idée du caractère, des mœurs et des coutumes de ces peuples, et à cette époque.

Le premier soin de Moussa fut de calmer les ambitions de ses frères en faisant tuer un certain nombre d’entre eux. D’autres lui résistèrent les armes à la main, notamment Bala le préféré de son père : « Il fut réduit à se rendre. Le fils du roi intercédant en sa faveur, Bala lui dit : « Mon enfant, ma mort est nécessaire, car il y a trois choses que je ne pourrai Jamais faire : donner à Moussa le titre d’Askia, me jeter de la poussière sur la tête en sa présence, et aller à cheval derrière lui ». Alors Moussa ordonna de creuser une fosse très profonde dans laquelle on fit descendre vivants Bala et un de ses cousins. Ensuite on y fit couler de l’eau, et ils moururent. »

Lassés de se voir décimés, les frères de Moussa l’assassinèrent (1533) et un neveu d’Askia-le-Grand régna sous le nom d’Askia Bankouri. Il s’empressa également de faire périr un certain nombre des fils de son oncle, et redoubla de