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L’EMPIRE SONGHOÏ

sûre et très précieuse au point de vue de l’unité nationale.

Une autre mesure capitale grâce à laquelle il put effectuer ses nombreuses conquêtes, grâce à laquelle malgré de longues guerres « on ne vit partout que bonheur et prospérité sous son règne », fut la création d’une armée permanente.

Sunni Ali avait pris toute la population valide pour l’emmener combattre à sa suite, et avait désorganisé le Songhoï. Askia « partagea son peuple en sujets et soldats ». C’est grâce à ses militaires professionnels qu’il put remporter l’ininterrompue série de victoires que nous avons mentionnée et vaincre facilement les bandes improvisées et inexpérimentées de ses ennemis. Il créa un corps de cavalerie armé de lances et monté sur de forts chevaux qu’il faisait venir des États barbaresques. Elle « s’élançait semblable à un large vol de sauterelles ». Les belliqueux Touaregs avaient été utilisés dans la formation d’escadrons auxiliaires.

L’infanterie, de beaucoup plus nombreuse, se servait d’arcs et de flèches empoisonnées. Les grands chefs allaient au combat vêtus de cuirasses et de casques en fer ; les autres officiers n’avaient que des boucliers. Lorsque les territoires conquis furent devenus considérables et que les soldats songhoïs ne suffirent plus, Askia organisa de nouveaux corps de troupe avec des éléments tirés des populations conquises. Ainsi fut réalisé le propos rassurant qu’il, avait tenu à son frère Omar lors de la campagne meurtrière du Mali.

L’immense Niger parcourant l’empire de l’ouest à l’est offrait une route commode aux armées et leur assurait une grande mobilité. Une flottille fut donc créée et très justement placée à Kabara, vers le milieu du cours du Niger, sous les ordres d’une sorte d’amiral qui avait le titre de « maître du port de Kabara ».

Ce partage de la population en éléments civil et militaire