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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

le mot du pays, du Fama Mademba, des heures bien intéressantes que je voudrais faire partager ? Il y règne le plus curieux et le plus amusant mélange de mœurs européennes et indigènes. À celles-ci, Mademba a emprunté les vastes installations des monarques nègres. Sa résidence est formée

UNE COUR.


par une succession de grandes cours, que coupent de nombreux bâtiments, le tout dans une enceinte de murailles. Cela tient à la fois : de la ferme, de la caserne, de la maison de commerce et du palais, comme les demeures des rois d’Homère. Pour gagner la dernière cour où se confine le monarque, on croise des groupes de chevaux, de femmes, de moutons, d’enfants, de poules et de canards, des groupes de serviteurs les uns armés, Îles autres mesurant le riz ou du mil, marchandant du sel en barres, du tabac, des noix de kola. Puis dans les appartements même de Mademba, à côté des peaux de bœuf ou de panthère étalées par terre pour l’accroupissement des audiences indigènes, on trouve des tables et des chaises confortables, des livres, des plumes, de l’encre, des bougeoirs, des lampes, des pendules, que sais-je ! mille objets européens peu intéressants en eux-mêmes, mais qui deviennent remarquables dès qu’on les trouve sous un toit nègre.

Mademba a gardé la foi de ses pères, nombre de ses sujets pratiquant l’Islam. Il en observe volontiers la polygamie, mais non toutes les autres pratiques. Vers la fin du jour, tandis que sous ses yeux vigilants les poulinières et poulains ramenés des pâturages dévoraient leur ration de mil, tandis que, causant et assis à côté de lui, je coupais mon verre d’eau de