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LE CORMORAN, LES POISSONS

Ah ! mes amis, leur répondit le cormoran d’un ton lamentable, je pleure à la vue des malheurs qui doivent bientôt fondre sur vous, car je sais que vous êtes tous destinés à souffrir le plus cruel genre de mort. La connaissance secrète et certaine que j’ai des temps et des saisons m’a appris qu’il doit survenir une sécheresse générale dans tout le pays, et que durant un espace de douze ans il ne tombera pas une goutte d’eau ; toutes les rivières, les marais et les étangs se trouveront bientôt à sec, et toute la race poissonne qui y vit doit finir par le genre de mort le plus affreux. Cependant l’amitié et l’attachement que j’ai conçus pour vous me portent à vous proposer de vous sauver de la ruine générale, ce que je pourrai exécuter aisément si vous voulez agréer ma proposition. J’ai découvert à quelque distance d’ici, sur une montagne, un grand bassin d’eau limpide formé par une source qui ne doit jamais tarir. Si donc vous désirez vivre, et si vous consentez à vous confier à moi, je me charge de vous transporter tous, l’un après l’autre, sur mon dos dans ce lieu de sûreté.

Au récit du cormoran, l’épouvante se mit parmi les poissons ; ils ne pensèrent pas même à douter de sa sincérité. Crovant en même