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LE BRAHME ET SON DOMESTIQUE.

et obtenir par cette ablution sainte, avec le pardon de ses péchés, l’espérance certaine de jouir dans l’autre vie des joies du sattia-loca[1]. En donnant ces conseils, le brahme comptait bien qu’en un si long voyage, il naîtrait quelque incident qui lui fournirait l’occasion d’enlever le trésor de son maître.

Après bien des délais, le sanniassy se rendit enfin aux sollicitations répétées de son domestique, et ils se mirent tous les deux en route pour Cassy. Chemin faisant, un jour qu’ils passaient près du fleuve Ratravaty, le sanniassy voulut y faire ses ablutions ; il confie sans soupçon la garde du précieux bambou à son domestique, sur la probité duquel il ne concevait plus le moindre doute ; il entre dans le fleuve et le traverse jusqu’à l’autre bord. Pendant qu’il y faisait ses ablutions et ses prières, tournant de temps en temps la tête vers le bord opposé pour surveiller son domestique, il est tout-à-coup distrait par le spectacle suivant :

  1. C’est le nom du paradis de Brahma. Voyez Mœurs de l’Inde, tome II, page 428.