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LE BRAHME

Un jour que le pénitent, accompagné de son domestique, était allé ramasser des aumônes dans le voisinage de son ermitage, et qu’après sa tournée il revenait chez lui, à moitié chemin, le domestique, qui avait à dessein mis une paille sur son turban, accourut vite vers son maître, et lui dit d’un air consterné : Ah ! seigneur pénitent ! j’ai commis un grand crime dont je ne me suis aperçu qu’à présent. Dans la maison où nous avons dîné aujourd’hui, une paille est tombée du toit sur mon turban sans que je m’en aperçusse. Quelle expiation y a-t-il pour réparer un pareil larcin ?

C’est un péché d’ignorance, répondit le sanniassy, ainsi tu n’es pas coupable.

Mais, seigneur, le poison avalé par ignorance ou avec connaissance est toujours poison, et n’en produit pas moins des effets funestes. Il faut absolument m’indiquer quelque moyen pour expier le crime d’avoir volé cette paille.

Le pénitent voyant la délicatesse extrême de son domestique, lui dit que puisqu’il portait le scrupule si loin, il pouvait se purifier de cette faute, si c’en était une, en se plongeant dans l’eau avec ses vêtemens [1].

  1. On sait que les ablutions journalières sont le remède