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DE SANDJIVACA.

domicile, était le domaine d’un lion qui y régnait, et qu’il eût à chercher une autre demeure s’il ne voulait s’exposer au danger d’être bientôt dévoré par le maître du lieu.

Je laisse à juger de la surprise du pauvre Sandjivaca, en recevant un pareil message. Seigneurs, dit-il aux renards, où voulez-vous donc que je me retire ? Abandonné de l’univers entier, pauvre, misérable, et presque accablé de vieillesse et d’infirmités, à qui fais-je tort ici ? Paisible dans un coin de cette vaste forêt, je ne fais de mal à personne. Privé de toute ressource, où pourrai-je donc aller ? Si le roi lion a envie de me dévorer, qu’il me dévore ; j’aime encore mieux mourir tout d’un coup sous ses griffes, que d’aller traîner ailleurs une vie malheureuse et languissante.

Dans la triste condition à laquelle tu te trouves réduit, repartirent les renards, au moins devrais-tu mener une vie humble et soumise ; et un misérable de ton espèce devrait-il jamais porter l’impertinence jusqu’à pousser des cris épouvantables comme tu le fais ? On dirait que tu te crois le maître de ces lieux. Que signifient de pareilles menaces ? Tes mugissemens ont répandu la terreur parmi tous les habitans de cette forêt. On n’y avait jamais rien entendu de semblable.