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AVENTURES

envoyé dans cette forêt pour dévorer tous les animaux qui s’y trouvent, grands et petits.

Les alarmes du lion ne firent qu’augmenter à ce rapport de ses ministres, et les regardant d’un air de confusion qui décelait ce qui se passait dans son âme : Que vous avais-je dit ? leur répondit-il : étais-je alarmé sans raison ? M’étais-je donc trompé en supposant que celui qui était capable de produire un bruit si effroyable devait être un animal redoutable et plus puissant que moi-même, un rival qui venait m’enlever l’empire de ces bois ?

Carataca et Damanaca virent avec joie que leur ruse avait produit son effet, et que leur rapport avait redoublé les inquiétudes du roi leur maître. Cependant ils essayèrent de calmer un peu ses alarmes, en lui disant qu’ils avaient déjà pris des arrangemens avec le roi taureau, et qu’ils se flattaient de l’engager à contracter amitié avec lui, qu’ils espéraient même l’amener à sa cour et en faire un de ses plus fidèles alliés.

Il ne leur fut pas difficile d’obtenir de leur maître la permission de retourner auprès de Sandjivaca sous prétexte d’arranger les conditions de paix : ils allèrent de nouveau trouver le taureau solitaire, et l’abordant d’un air fier, ils lui dirent que la forêt où il avait établi son