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AVENTURES DE SANDJIVACA, ETC.

regarder toujours ses intérêts comme les leurs, le roi lion leur rapporta au long le sujet de ses alarmes, cette effroyable voix, semblable au bruit du tonnerre, qu’il avait entendue quelques jours auparavant, et les appréhensions vives dans lesquelles il était que l’animal capable de produire un pareil mugissement ne fut d’une nature supérieure à la sienne, ou quelque rival qui venait pour lui disputer le domaine de la forêt et le lui ravir.

Carataca et Damanaca jugèrent, par le récit du lion, que ce prétendu rival si redouté ne pouvait être qu’un taureau ; ils essayèrent donc de tranquilliser l’esprit de leur maître en l’assurant qu’il n’avait rien à craindre, qu’il n’existait sur la terre aucune espèce d’animaux qui l’égalassent en force et en courage, et que quel que pût être l’animal dont il avait entendu la voix sans le voir et sans le connaître, rien n’était plus indigne de sa vaillance et de sa gloire que de faire paraître une pareille crainte lorsqu’il n’y avait vraisemblablement aucun danger réel à courir. En même temps, Carataca chercha à lui faire sentir le ridicule de ses terreurs et à relever son courage.