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LE CORBEAU, LE SERPENT, ETC.

sens, il regarda autour de lui, et ne fut pas peu surpris de voir son écrevisse tenant un corbeau serré par le cou entre ses bras. L’écrevisse lui raconta ce qui venait de se passer : le brahme croyait ne s’être éveillé que d’un doux sommeil : de quel étonnement ne fut-il pas saisi quand il entendit ce récit ! Cependant, dit-il à l’écrevisse, puisque ce corbeau a rempli les conditions que tu as exigées de lui, il faut aussi de ton côté accomplir la promesse que tu lui as faite de lui laisser la vie, et tu dois maintenant le lâcher.

L’écrevisse, qui voulait punir ce méchant comme il le méritait, mais qui craignait en même temps d’exécuter son dessein dans le voisinage du serpent, dit au brahme qu’elle le lâcherait lorsqu’ils seraient parvenus à quelque distance de l’endroit où ils étaient. Le brahme les mit tous deux dans son sac, les transporta à quelque distance et pressa de nouveau l’écrevisse de remplir sa promesse et de mettre le corbeau en liberté.

Insensé ! répondit l’écrevisse, y a-t-il donc quelque foi à garder avec les méchans, et peut-on se fier à leurs promesses ? Ignores-tu que ce corbeau perfide a déjà causé la mort de plusieurs innocens, et que si je le lâche, comme tu m’exhortes à le faire, il en fera mourir encore