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LE BRAHME ET L’ÉCREVISSE.

mordit et le tua par son venin. Le brahme mort, le corbeau rassembla toute sa race, et ils descendirent tous auprès du cadavre. Pendant qu’ils se disposaient à le dévorer, le chef des corbeaux aperçoit quelque chose remuer dans le sac de voyage du mort ; il s’approche et met la tête dans ce sac pour voir ce qui peut remuer ainsi. À l’instant même, il est saisi par l’écrevisse, qui, le tenant par le cou avec ses bras, le serrait au point de l’étouffer. Le corbeau lui demanda grâce ; mais l’écrevisse refusa de le lâcher, à moins qu’il ne rendit la vie au brahme dont il venait d’occasionner la mort. Le corbeau était à la merci de l’écrevisse, il n’y avait plus à balancer ; il appelle ses parens, leur fait connaître l’extrémité où il se trouve réduit et les conditions auxquelles l’écrevisse consentait à lui épargner la vie, et les conjure d’aller vite informer son ami le serpent de sa situation critique, et de l’engager à rendre au plus tôt la vie au brahme.

Les parens du corbeau allèrent sans délai trouver le serpent, et celui-ci instruit du malheur arrivé à son ami, s’approcha du brahme mort, et posant la gueule à l’endroit même où il l’avait mordu, suça tout le venin qu’il lui avait introduit dans le corps, et lui rendit la vie.

Dès que le brahme eût recouvré l’usage de ses