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ET LES RATS.

L’éléphant s’élevant à mesure que la fosse se remplissait de terre, fut bientôt en état d’en sortir, et dut ainsi son salut aux rats qu’il avait lui-même sauvés auparavant.

Après que l’écrevisse eût rapporté ces exemples au brahme pélerin qui l’écoutait : Si un rat, ajouta-t-elle, a trouve l’occasion de rendre un service si important à un éléphant et de lui sauver la vie, ne peut-il pas aussi survenir des circonstances où je pourrais t’obliger et te témoigner ma reconnaissance pour le service que j’implore de toi ?

Cahla-Sarma avait écouté l’écrevisse avec attention. Saisi d’admiration de ce qu’un si vil animal, pour lequel chacun ne témoigne que du mépris, fît paraître tant d’intelligence, il n’hésita plus à la prendre avec lui, et l’ayant mise dans son sac de voyage, il continua sa route.

Chemin faisant, il vint à passer à travers une épaisse forêt, et vers l’heure de midi dans le temps de la chaleur, il s’arrêta sous un arbre touffu pour s’y reposer à l’ombre. Il s’y endormit bientôt, et dans le temps qu’il était plongé dans un profond sommeil, ce qu’avait prévu l’écrevisse ne tarda pas à se vérifier.