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ET LES RATS.

tous les chasseurs de son royaume, se procura un grand nombre de filets et autres pièges propres à son dessein, et alla à la chasse des rats. À force de travaux et de patience, on vint à bout de les faire tous sortir de leurs trous, et les ayant tous pris, on les renferma en vie, entassés les uns sur les autres dans de grands vases de terre, où on les laissa pour y mourir de faim.

Dans le temps que tous ces rats étaient ainsi emprisonnés, le hasard m’amena dans ce même endroit. Leur chef m’entendit passer, il m’appela et me supplia d’avoir compassion de lui et de ses compagnons et de leur sauver la vie à tous ; ce que je pouvais faire aisément, disait-il, en brisant d’un coup de pied les vases de terre dans lesquels ils se trouvaient renfermés, et en leur fournissant par là le moyen de s’enfuir. Touché de commisération pour ces pauvres rats, je brisai tous les vases de terre, et les délivrai ainsi d’une mort certaine.

Le chef des rats, pénétré de reconnaissance, me fit les plus vifs remercîmens ; il me dit que lui et sa race conserveraient à jamais le souvenir du service que je leur avais rendu, et qu’ils feraient tout pour m’ètre utiles à leur tour, si jamais je me trouvais engagé dans quelque position difficile.