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ET L’ÉLÉPHANT.

qu’il fallait faire en sorte de se rendre maître de cet éléphant, et de le conduire à la ville royale. On se mit donc en devoir de tout disposer pour le prendre : à cet effet, on creusa une fosse profonde que l’on couvrit ensuite de branches d’arbres et de feuillages. Après quoi, les personnes qui accompagnaient le roi ayant cerné l’éléphant, ne lui laissèrent d’autre issue que celle qui conduisait à la fosse, dans laquelle il tomba en cherchant à fuir.

Le roi, satisfait d’avoir si bien réussi, dit à ses gens qu’avant d’essayer de retirer cet éléphant de la fosse, il fallait le laisser jeûner et s’affaiblir pendant huit jours ; qu’alors il aurait perdu ses forces, et qu’ils pourraient aisément le dompter. Il se retira donc avec son monde, laissant l’éléphant dans la fosse où il était tombé.

Deux jours après, un brahme qui voyageait sur les bords du fleuve Youmna, vint à passer près de ce lieu, et ayant aperçu l’éléphant dans cette fosse, s’approcha de lui et lui demanda par quel fâcheux accident il était tombé là. L’éléphant lui conta sa triste aventure, et lui fit part des tourmens qu’il endurait, tant des suites de sa chute, que de la faim et de la soif. En même temps il le supplia avec instance de lui rendre service en l’aidant à se tirer de sa cruelle