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le pénitent immolé.

Damanaca venait de finir son récit. Carataca, qui lui avait prêté une oreille attentive, réfléchit quelques momens, puis rompant le silence : Quelque défiance que doivent nous inspirer les exemples et les raisonnemens que nous venons de rappeler, je pense qu’il est de notre intérêt de retourner auprès du roi lion. En effet, depuis que nous ne sommes plus à son service, objets des dédains publics, nous menons ici une vie obscure et misérable. Mais nous ne serons pas plutôt rentrés en grâce auprès de lui, que nous verrons chacun s’empresser de nous rendre les plus grands honneurs ; et sans parler de l’éclat et des dignités dans lesquels nous vivrons nous-mêmes, nous serons encore à portée de rendre service à nos parens et à nos amis, de faire des largesses aux indigens, de secourir ceux qui vivent dans l’oppression, et de pratiquer toutes sortes de bonnes œuvres. Ne voyons-nous pas chaque jour un chien, pour quelque vile nourriture, courir de côté et d’autre, caressant son maître en agitant sa queue, et revenir satisfait du peu qu’on lui a donné ; un éléphant, oubliant sa fierté naturelle, se familiariser avec l’homme et se soumettre à lui par le même motif : pourquoi, dans la situation pénible où nous nous