Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
410
LE JARDINIER

ses ministres déjà dégradés, eussent à s’adresser directement à lui-même ; qu’ils trouveraient à toute heure les portes de son palais ouvertes, et qu’il serait prêt, dans toutes les occasions, à écouter leurs plaintes et à leur rendre justice.

Dès que cette ordonnance eut été publiée, le peuple se rendit en foule devant le roi. Ce prince accueillit tous ses sujets avec la bonté d’un père, et ces pauvres gens ne pensaient plus à tous leurs maux passés. Il reconnut bientôt à tous ces rapports que les dénonciations du jardinier n’étaient que trop vraies, et que ces infidèles ministres avaient réellement réduit ses peuples à un état de misère et de désespoir dont il n’y avait pas d’exemple. Dès-lors il s’appliqua à faire oublier, par un gouvernement tout paternel, les injustices tant de fois commises en son nom. Convaincu qu’il ne pouvait trouver de ministre plus propre à l’aider à supporter le poids du gouvernement, que le jardinier même qui avait montré tant de sagacité et de constance pour parvenir à lui faire connaître l’état du royaume, il le fit son premier ministre. Le jardinier, à son tour, ne voulut pas profiter des richesses qu’il avait si injustement acquises ; mais comme il ne pouvait les restituer au nombre presque infini de personnes