Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette métamorphose opérée, on célébra avec la plus grande solennité les noces projetées, et lorsque toutes les cérémonies furent finies, le ministre, se disposant à conduire auprès du roi son maître les nouveaux mariés, appela auparavant le géant Brahme qui avait prêté son sexe d’homme à la princesse, et lui dit qu’il pouvait le reprendre s’il voulait, et lui rendre celui qu’il avait pris.

Le géant répondit au ministre qu’il n’était plus en son pouvoir d’opérer ce changement. « Un génie voisin, ajouta-t-il, m’a vu dans mon nouvel état de femme, il a conçu pour moi une passion violente dont je porte maintenant le fruit dans mon sein : c’est donc moi, à mon tour, qui vous adresse mes prières ; laissez-moi mon sexe de femme, et la fille du roi restera homme désormais. »

Le ministre ravi de cette circonstance, consentit avec une vive joie à la proposition du géant, et retourna en triomphe auprès du roi son maître. Celui-ci, apprenant que son fils était marié et allait lui être présenté pour la première fois avec son épouse, vint à leur rencontre et les conduisit avec la plus grande pompe dans sa ville capitale, où, dans l’excès de sa joie, il fit asseoir son fils sur son trône, et lui céda sa couronne et toute son autorité.