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DEVENU MINISTRE.

de leur maître que les complices de leurs injustices ; il ajouta que, déterminé à faire connaître, à quelque prix que ce fut, la vérité au roi son maître, il n’avait vu d’autre moyen de réussir que celui qu’il avait employé en s’annonçant au public comme ayant reçu du gouvernement le droit de mettre un impôt sur tous les petits objets non taxés jusqu’alors ; qu’il avait résolu d’exercer des vexations et des injustices si criantes dans l’exécution de ce nouvel emploi, que le bruit de ses rapines pût enfin parvenir aux oreilles du roi, et lui fournir l’occasion de lui exposer l’état déplorable auquel ses avides ministres avaient réduit tous ses sujets par leur cupidité tyrannique. Il termina son récit en ajoutant que ces ministres d’iniquité l’avaient soutenu dans son emploi et avaient consenti à toutes ses injustices, à condition qu’il en partagerait le profit avec eux.

Le récit du jardinier fut pour le roi un coup de foudre ; dans sa juste indignation, il fit aussitôt charger de fers ses perfides ministres, et leur enleva, pour les appliquer à des objets d’utilité publique, toutes leurs richesses mal acquises. En même temps il fit publier par-tout que ceux qui auraient des plaintes à porter contre l’administration du royaume, c’est-à-dire contre