Page:Dubois - Le Pantcha-Tantra ou les cinq ruses.djvu/427

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
407
DEVENU MINISTRE.

dépouillait sans pitié les passans, et lui dirent qu’ils venaient de la part du roi pour l’emmener en sa présence.

Le jardinier vit avec joie que le bruit de ses injustices était enfin parvenu aux oreilles du prince, et qu’il allait avoir l’occasion de lui exposer l’état malheureux du royaume et les exactions des ministres pervers qui le tyrannisaient en son nom ; mais il craignait que s’il se rendait au palais, ces derniers ne trouvassent les moyens de l’empêcher de parvenir jusqu’au pied du trône : De graves motifs, répondit-il aux gardes, ne me permettent pas de me hasarder à paraître en présence du roi ; annoncez-lui que j’ai les secrets les plus importans à lui révéler, et que s’il daigne venir me trouver dans ma maison, il apprendra des choses qu’il est dangereux pour lui d’ignorer plus long-temps.

De retour au palais, les gardes rapportèrent fidèlement au roi la réponse de l’homme au gros bâton. Ce que ce premier avait déjà appris de la veuve et ce qu’il apprenait maintenant de ses gardes, ne lui laissèrent plus de doute qu’il ne régnât dans l’administration des affaires de son royaume la plus grande confusion et les plus affreux désordres ; il se rendit sans délai à l’invitation de l’homme au gros bâton,