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LE JARDINIER

sur les plus petits objets, tels que la paille, l’herbe, le fumier, et même sur l’eau et le feu, cet homme avait mis le comble à ses injustices en imposant une taxe de cinq fanons d’or sur les cadavres ; qu’avant d’obtenir la permission de rendre aux morts les derniers devoirs, il fallait lui payer cette somme, si l’on ne voulait voir le cadavre pourrir dans le lieu où il était exposé ; c’était, continua-t-elle, l’impossibilité où elle se trouvait de payer cette somme, ne possédant pour tout bien dans le monde que trois fanons d’or, qui, jointe à l’excès de sa douleur, lui avait arraché des plaintes amères contre la tyrannie du gouvernement, et sur-tout contre l’homme au gros bâton.

Le récit de toutes ces injustices, qui arrivaient pour la première fois à la connaissance du roi, porta au comble son étonnement. Il avait cru jusqu’alors qu’aucun peuple sur la terre ne vivait aussi heureux que ses sujets. Il voulut s’assurer si ce que rapportait cette femme était vrai, et sur-le-champ donna ordre à quelques-uns de ses gardes, d’amener à l’instant devant lui l’homme connu dans le public sous le nom de l’homme au gros bâton. Conformément aux ordres de leur maître, ces derniers se rendirent à la place où cet homme, un gros bâton à la main,