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LE JARDINIER

Le lendemain matin, dès que le jour parut, les gardes entrèrent dans la cabane de la veuve, qui se lamentait encore toute seule auprès du cadavre de son fils ; ils lui annoncèrent qu’ils venaient de la part du roi avec ordre de la conduire sans délai en sa présence. La consternation de cette femme ne fit qu’augmenter lorsqu’elle entendit ces paroles des gardes : Que peut donc vouloir le roi à une infortunée veuve ? leur dit-elle. Est-ce pour aggraver le poids de ma douleur qu’il m’appelle en sa présence, et quel temps choisit-il ? Le moment où je me trouve accablée de la plus vive affliction, où je viens de perdre mon fils unique, le seul appui qui me restait dans ce monde ! Le prince est-il d’accord avec les dieux pour accroître ma désolation ?

Les gardes, inexorables, lui déclarèrent pour toute réponse qu’ils devaient exécuter leurs ordres, et qu’il fallait absolument qu’elle les suivît au palais du roi. Voyant qu’il n’y avait pas moyen de les fléchir, la veuve se laissa conduire, arrosant le chemin de ses larmes, et faisant retentir l’air de ses lamentations.

Arrivée en présence du roi, elle se prosterna tout de son long à ses pieds ; elle poussait des sanglots, et n’avait pas la force de prononcer une seule parole. Le roi la releva avec bonté,