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LE JARDINIER

moi je reste sans ressource et sans soutien dans le monde ! Au moins, si, dans mon malheur, je pouvais te donner les derniers témoignages de ma tendresse maternelle ! Si j’avais les moyens de te rendre les derniers devoirs, et de te faire des obsèques convenables ; mais je ne possède pour tout bien dans le monde que trois fanons d’or, il faudra les donner à ceux qui enlèveront ton cadavre pour le porter au bûcher. Je déchirerai la moitié de la toile dont je suis revêtue pour t’en envelopper ; je démolirai la chaumière que j’habite, et des débris je construirai la pile fatale sur laquelle doivent être consumées tes dernières dépouilles ; mais les cinq fanons d’or qu’exige l’homme au gros bâton, qui les paiera ? Qui voudra prêter pour cela de l’argent à une pauvre veuve sans ressource ? Parce que je suis hors d’état d’acquitter les droits iniques qu’exige cet homme au gros bâton, il faudra donc que je laisse pourrir ton cadavre dans cette misérable chaumière, et que tu sois privé de l’honneur des funérailles ! Grands dieux ! que cette pensée est cruelle ! N’y a-t-il donc plus de justice sur la terre, et faut-il que nous vivions sous un gouvernement aussi tyrannique ? Qu’avons-nous fait aux dieux pour nous donner un prince aussi inique que celui sous lequel nous gémissons, qui