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DEVENU MINISTRE.

à l’homme au gros bâton, pour avoir la permission de faire les obsèques.

Le jardinier continua durant long-temps de percevoir toutes ces taxes oppressives sans rencontrer d’opposition, et il amassa par ce moyen des richesses considérables, qu’il avait soin cependant de partager avec les ministres du roi, afin que ceux-ci n’apportassent pas d’obstacles à ses rapines.

Le roi avait coutume de faire de temps à autre une promenade nocturne dans la ville, pour connaître si tout était en ordre, et si les gardes étaient à leurs postes. Une nuit qu’il faisait ainsi sa ronde, il fut frappé par les cris d’une personne qui paraissait plongée dans une profonde douleur. Il s’approche d’une misérable chaumière qui faisait l’angle d’une rue et d’où sortaient les cris qu’il entendait ; il s’arrête pour écouter, et reconnaît que ces pleurs et ces lamentations étaient celles d’une pauvre veuve, à qui une mort prématurée venait d’enlever son fils unique. Assise à côté du cadavre, elle exhalait sa douleur par des plaintes amères que lui suggérait son désespoir ; elle accusait les dieux de lui avoir enlevé son unique appui, et répétait souvent ces paroles entrecoupées de sanglots : Te voilà donc mort, mon cher fils ! et